La dépression : Elle a sauvé ma vie !
Il y a, un peu plus de 3 ans, je recevais le diagnostic : « burnout »… Ouf, moi ! Tsé, la fille forte, la fille que tout le monde regarde en se disant : « Mais, comment elle fait ? » Pourtant, cette fille venait de flancher.
Et pourtant, cela faisait déjà plusieurs années que je me sentais épuisée au travail. Je me rappelle que je disais régulièrement à mon patron : « Je ne sais même pas comment je vais faire pour me rendre à mes vacances. Je suis épuisée ! »
J’avais alors un emploi au sein du gouvernement. J’avais tout ce dont plusieurs rêvaient. Un bon fonds de pension, un emploi stable, un bon salaire, un horaire génial et de bons avantages sociaux. Avec mon ancienneté (14 ans, ce n’est pas rien après tout !), j’avais même les vacances que je voulais.
MAIS (un gros, mais) : j’étais très malheureuse ! Il n’y avait pas de possibilités d’avancement. Il n’y avait pas de place pour la créativité. Et on ne doit pas oublier que dans le domaine de la santé au cours des dernières années, les remplacements de personnel qui quittait ne venaient pas automatiquement. C’est-à-dire que bien souvent les tâches étaient simplement remaniées et redistribuées au sein des membres restants de l’équipe. Ainsi, un employé à temps plein pouvait facilement finir avec les tâches de 2 ou 3 autres personnes qui avaient quitté, mais n’avaient pas été remplacées. Cette personne couvrait donc son emploi, et de 2 à 3 souvent en plus.
Quand j’allais voir mon supérieur immédiat pour lui mentionner que j’avais besoin d’aide, j’avais besoin de repos. Que j’étais tout simplement épuisée. Je pleurais bien souvent dans son bureau parce que je n’étais plus capable de continuer. La réponse demeurait la même à chaque occasion : « Sonia, t’es capable TOI ! » Eh bien non ! Car Sonia aussi a fini par flancher. Les 2 genoux ont fléchi et je suis tombé, j’avais atteint ma limite. Je n’en pouvais plus.
J’ai alors compris une notion bien étrange : le téléphone pouvait parfois donner l’impression de peser près de 600 livres ! C’est fou combien, prendre un simple téléphone pour prendre rendez-vous chez le médecin peut devenir un geste lourd quand il s’agit alors de demander de l’aide à quelqu’un. De demander de l’aide à la personne qui peut vraiment te la donner.
J’ai été mise en arrêt de travail immédiatement. J’étais en BURN-OUT. Mais oui, moi. Le bon terme est en fait : épuisement professionnel. Je n’en revenais pas. Ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le trop-plein des accumulations que je vivais et que j’accumulais depuis trop longtemps. J’ai atteint à ce moment le trop-plein.
Comment est-ce que j’allais expliquer ça à mes enfants, mon mari, ma famille, amis et collègues. Mais, pourquoi pensais-je à eux, quand en fait, c’était ma vie qui en était affectée.
Mon médecin m’a proposé d’aller consulter un psychologue. Ma réaction première fut, plutôt du genre : voir un psy moi ! Hahahaha, euh non ! Puis, j’ai eu une pensée pour mon amie Josée qui faisait de l’hypnose. Peut-être pouvait-elle m’aider. Et, dans les faits, elle m’a plus qu’aider. Elle m’a aidé à me sauver. Aider car c’est moi qui devais prendre la décision de vivre, elle ne faisait que me tendre les outils pour y arriver.
C’était à moi de faire les choix, et les actions avec ce qu’elle me tendait.
On a longtemps travaillé ensemble, Josée et moi. À plusieurs occasions durant les séances on pleurait ensemble. Et je pleure encore aujourd’hui à écrire ces lignes. Elle m’avait fait réaliser que j’étais importante. Que je valais la peine qu’elle prenne le temps et que je prenne aussi ce temps pour moi. Josée connaissait bien mon histoire, nous avions travaillé au même endroit. Elle avait connu cette souffrance et cette fatigue aussi. À la base, le fait qu’elle connaissait d’où j’arrivais a été l’une des raisons qui m’ont poussé à aller la voir.
Chaque soir, je prenais le temps de mettre par écrit ce que je ressentais. Il y avait une date qui revenait, jour après jour dans ce que j’écrivais, sans alors comprendre pourquoi. Puis, au fond de moi je l’ai su. C’était la date à laquelle je serais libéré de tout. La seule finalité qui pouvait me permettre de ne plus retourner dans ce lieu de négativité, de souffrance et en manque d’humanité. Cet emploi dans lequel je ne pouvais plus être moi, mais où je n’étais qu’une employée qui passe d’une tâche à l’autre sans être rien de plus. Je devais enfin penser à moi et à mon bonheur.
Mais, une seule chose me retenait, et m’empêchait de prendre cette action : ma famille (mon mari et mes enfants). Alors, que si on est logique, ils vont me soutenir et je le sais. Car je serai plus légère, plus heureuse, plus présente pour moi et pour eux. La douleur que j’ai en moi est lourde et intense, mais plus la date se rapproche, plus je sens que je peux respirer, que je sors la tête de l’eau.
Environ une dizaine de jours avant LA date que je m,étais fixée comme finalité, je vais souper chez mes parents avec mon mari. On parle de tout et de rien et lors de la discussion j’apprends que le salon de bronzage où travaille ma mère est à vendre. Le propriétaire n’a toujours pas fait l’annonce publique, mais c’est une question de temps. J’ai en moi un déclic foudroyant. J’ai l’impression que je viens de sortir ma tête immergée depuis trop longtemps sous l’eau et que mes poumons se gonflent d’air. J’ai une lueur d’espoir qui s’allume en moi et je dis alors simplement un mot : « J’achète ».
Le tout déboule ensuite. Le lendemain, je passe un appel à la propriétaire et en un peu moins que 2 semaines je deviens propriétaire du salon. Et à LA date où tout devait se passer et prendre fin, je signais l’achat du salon de bronzage. Je tiens à mentionner qu’alors j’étais une fille qui détestait les salons de bronzage.
J’étais donc propriétaire d’un salon, mais j’y allais qu’à l’occasion pour me remettre le sourire. La bonne humeur des clients, de l’ambiance qui y régnait, me faisait un bien fou. Même mon médecin me disait de continuer, car c’était bénéfique pour moi.
Mais, on m’a convoqué aux ressources humaines (mon emploi que j’avais), et sans rentrer dans les détails, je me devais de remettre ma démission. J’étais en conflit d’intérêts, et en situation d’être accusé de fraude : je pouvais être propriétaire d’une entreprise, mais j’étais jugé inapte à travailler. Selon eux, je fraudais le système. J’ai bien tenté d’argumenter. J’ai expliqué que je ne gérais rien du tout, puisque l’entreprise roulait par elle-même. Les opérations se faisaient tout seules avec les employés présents et en plus, l’ancienne propriétaire était demeurée en poste.
J’avais de bons arguments, un bon dossier pour me battre. J’avais le soutien du syndicat qui m’assurait que ma cause était gagnée d’avance. Mais je n’avais pas la force en moi de me lancer dans ce combat ni l’envie de le faire. Je dormais encore près de 18 heures par jours. Et le reste des 6 heures je les pleurais. J’ai décidé de remettre ma démission. J’ai tellement pleuré de voir comment on me remerciait de mes services après 14 ans au sein de cette entreprise. Une entreprise qui venait pourtant en aide aux gens avec des troubles de dépendances et de santé mentale. Comment ne pouvaient-ils pas voir et réaliser le mal qu’une employée, l’un d’entre eux, souffrait autant ? Ils étaient aveugles à ma propre santé mentale alors qu’ils prônaient d’aider les autres.
Ce sont mes clients, et mon salon qui m’aura sauvé la vie. Leur bonne humeur, m’aidait à retrouver le sourire un peu plus chaque jour qui passait. Ce n’est vraiment pas pour rien que je dis toujours que j’ai les meilleurs clients du monde. Je ne crois pas qu’ils savent à quel point je les remercient d’être dans ma vie.
Aujourd’hui, un peu plus de trois années se sont écoulées. Je suis heureuse, je suis forte. Au fond de moi, je porte l’espoir qu’avec ce que je fais je puisse à mon tour donner un moment d’espoir à un de mes clients. La dépression m’aura sauvé la vie, car sans elle, jamais je n’aurai pensé acheter un salon de bronzage. La dépression m’a fait réaliser combien j’étais malheureuse, combien je m’éteignais un peu chaque jour. Elle m’aura amené à faire les changements dans ma vie pour retrouver le bonheur d’être et de vivre.
Et pourtant, cela faisait déjà plusieurs années que je me sentais épuisée au travail. Je me rappelle que je disais régulièrement à mon patron : « Je ne sais même pas comment je vais faire pour me rendre à mes vacances. Je suis épuisée ! »
J’avais alors un emploi au sein du gouvernement. J’avais tout ce dont plusieurs rêvaient. Un bon fonds de pension, un emploi stable, un bon salaire, un horaire génial et de bons avantages sociaux. Avec mon ancienneté (14 ans, ce n’est pas rien après tout !), j’avais même les vacances que je voulais.
MAIS (un gros, mais) : j’étais très malheureuse ! Il n’y avait pas de possibilités d’avancement. Il n’y avait pas de place pour la créativité. Et on ne doit pas oublier que dans le domaine de la santé au cours des dernières années, les remplacements de personnel qui quittait ne venaient pas automatiquement. C’est-à-dire que bien souvent les tâches étaient simplement remaniées et redistribuées au sein des membres restants de l’équipe. Ainsi, un employé à temps plein pouvait facilement finir avec les tâches de 2 ou 3 autres personnes qui avaient quitté, mais n’avaient pas été remplacées. Cette personne couvrait donc son emploi, et de 2 à 3 souvent en plus.
Pourtant, j'avais tenté...
Quand j’allais voir mon supérieur immédiat pour lui mentionner que j’avais besoin d’aide, j’avais besoin de repos. Que j’étais tout simplement épuisée. Je pleurais bien souvent dans son bureau parce que je n’étais plus capable de continuer. La réponse demeurait la même à chaque occasion : « Sonia, t’es capable TOI ! » Eh bien non ! Car Sonia aussi a fini par flancher. Les 2 genoux ont fléchi et je suis tombé, j’avais atteint ma limite. Je n’en pouvais plus.
J’ai alors compris une notion bien étrange : le téléphone pouvait parfois donner l’impression de peser près de 600 livres ! C’est fou combien, prendre un simple téléphone pour prendre rendez-vous chez le médecin peut devenir un geste lourd quand il s’agit alors de demander de l’aide à quelqu’un. De demander de l’aide à la personne qui peut vraiment te la donner.
J’ai été mise en arrêt de travail immédiatement. J’étais en BURN-OUT. Mais oui, moi. Le bon terme est en fait : épuisement professionnel. Je n’en revenais pas. Ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le trop-plein des accumulations que je vivais et que j’accumulais depuis trop longtemps. J’ai atteint à ce moment le trop-plein.
Comment est-ce que j’allais expliquer ça à mes enfants, mon mari, ma famille, amis et collègues. Mais, pourquoi pensais-je à eux, quand en fait, c’était ma vie qui en était affectée.
Mon médecin m’a proposé d’aller consulter un psychologue. Ma réaction première fut, plutôt du genre : voir un psy moi ! Hahahaha, euh non ! Puis, j’ai eu une pensée pour mon amie Josée qui faisait de l’hypnose. Peut-être pouvait-elle m’aider. Et, dans les faits, elle m’a plus qu’aider. Elle m’a aidé à me sauver. Aider car c’est moi qui devais prendre la décision de vivre, elle ne faisait que me tendre les outils pour y arriver.
C’était à moi de faire les choix, et les actions avec ce qu’elle me tendait.
On a longtemps travaillé ensemble, Josée et moi. À plusieurs occasions durant les séances on pleurait ensemble. Et je pleure encore aujourd’hui à écrire ces lignes. Elle m’avait fait réaliser que j’étais importante. Que je valais la peine qu’elle prenne le temps et que je prenne aussi ce temps pour moi. Josée connaissait bien mon histoire, nous avions travaillé au même endroit. Elle avait connu cette souffrance et cette fatigue aussi. À la base, le fait qu’elle connaissait d’où j’arrivais a été l’une des raisons qui m’ont poussé à aller la voir.
Chaque soir, je prenais le temps de mettre par écrit ce que je ressentais. Il y avait une date qui revenait, jour après jour dans ce que j’écrivais, sans alors comprendre pourquoi. Puis, au fond de moi je l’ai su. C’était la date à laquelle je serais libéré de tout. La seule finalité qui pouvait me permettre de ne plus retourner dans ce lieu de négativité, de souffrance et en manque d’humanité. Cet emploi dans lequel je ne pouvais plus être moi, mais où je n’étais qu’une employée qui passe d’une tâche à l’autre sans être rien de plus. Je devais enfin penser à moi et à mon bonheur.
Mais, une seule chose me retenait, et m’empêchait de prendre cette action : ma famille (mon mari et mes enfants). Alors, que si on est logique, ils vont me soutenir et je le sais. Car je serai plus légère, plus heureuse, plus présente pour moi et pour eux. La douleur que j’ai en moi est lourde et intense, mais plus la date se rapproche, plus je sens que je peux respirer, que je sors la tête de l’eau.
Environ une dizaine de jours avant LA date que je m,étais fixée comme finalité, je vais souper chez mes parents avec mon mari. On parle de tout et de rien et lors de la discussion j’apprends que le salon de bronzage où travaille ma mère est à vendre. Le propriétaire n’a toujours pas fait l’annonce publique, mais c’est une question de temps. J’ai en moi un déclic foudroyant. J’ai l’impression que je viens de sortir ma tête immergée depuis trop longtemps sous l’eau et que mes poumons se gonflent d’air. J’ai une lueur d’espoir qui s’allume en moi et je dis alors simplement un mot : « J’achète ».
Le tout déboule ensuite. Le lendemain, je passe un appel à la propriétaire et en un peu moins que 2 semaines je deviens propriétaire du salon. Et à LA date où tout devait se passer et prendre fin, je signais l’achat du salon de bronzage. Je tiens à mentionner qu’alors j’étais une fille qui détestait les salons de bronzage.
J’étais donc propriétaire d’un salon, mais j’y allais qu’à l’occasion pour me remettre le sourire. La bonne humeur des clients, de l’ambiance qui y régnait, me faisait un bien fou. Même mon médecin me disait de continuer, car c’était bénéfique pour moi.
Mais, on m’a convoqué aux ressources humaines (mon emploi que j’avais), et sans rentrer dans les détails, je me devais de remettre ma démission. J’étais en conflit d’intérêts, et en situation d’être accusé de fraude : je pouvais être propriétaire d’une entreprise, mais j’étais jugé inapte à travailler. Selon eux, je fraudais le système. J’ai bien tenté d’argumenter. J’ai expliqué que je ne gérais rien du tout, puisque l’entreprise roulait par elle-même. Les opérations se faisaient tout seules avec les employés présents et en plus, l’ancienne propriétaire était demeurée en poste.
J’avais de bons arguments, un bon dossier pour me battre. J’avais le soutien du syndicat qui m’assurait que ma cause était gagnée d’avance. Mais je n’avais pas la force en moi de me lancer dans ce combat ni l’envie de le faire. Je dormais encore près de 18 heures par jours. Et le reste des 6 heures je les pleurais. J’ai décidé de remettre ma démission. J’ai tellement pleuré de voir comment on me remerciait de mes services après 14 ans au sein de cette entreprise. Une entreprise qui venait pourtant en aide aux gens avec des troubles de dépendances et de santé mentale. Comment ne pouvaient-ils pas voir et réaliser le mal qu’une employée, l’un d’entre eux, souffrait autant ? Ils étaient aveugles à ma propre santé mentale alors qu’ils prônaient d’aider les autres.
Ce sont mes clients, et mon salon qui m’aura sauvé la vie. Leur bonne humeur, m’aidait à retrouver le sourire un peu plus chaque jour qui passait. Ce n’est vraiment pas pour rien que je dis toujours que j’ai les meilleurs clients du monde. Je ne crois pas qu’ils savent à quel point je les remercient d’être dans ma vie.
Aujourd’hui, un peu plus de trois années se sont écoulées. Je suis heureuse, je suis forte. Au fond de moi, je porte l’espoir qu’avec ce que je fais je puisse à mon tour donner un moment d’espoir à un de mes clients. La dépression m’aura sauvé la vie, car sans elle, jamais je n’aurai pensé acheter un salon de bronzage. La dépression m’a fait réaliser combien j’étais malheureuse, combien je m’éteignais un peu chaque jour. Elle m’aura amené à faire les changements dans ma vie pour retrouver le bonheur d’être et de vivre.